La santé mentale en milieu rural, c'est important : les leçons tirées de LEADER en Belgique

La santé mentale des agriculteurs et des communautés agricoles est un sujet thématique du Réseau européen de la PAC, et il ne fait aucun doute que LEADER a été à l'origine de diverses actions visant à augmenter l'attention portée à la santé mentale dans le secteur agricole. Un bon exemple de ces actions a été piloté au cours de la période de programmation précédente (2014-2020) par le groupe d'action locale Westhoek de la région flamande en Belgique.

L'actuelle présidence belge de l'UE promeut la santé mentale au travail ainsi que l'accès à une protection sociale durable. Le réseau flamand a également joué un rôle actif dans la promotion du bien-être des agriculteurs. Les problèmes de santé mentale en milieu rural dans la zone du GAL du Westhoek ont été reconnus comme un défi pour les travailleurs agricoles. C'est pourquoi des fonds LEADER ont été alloués au projet « Zot van't Boeren » (Fous de l'agriculture), conçu pour rapprocher les secteurs de la santé et de l'agriculture.

Wouter Bertier, coordinateur du GAL du Westhoek, nous en dit plus sur le contexte de cette utilisation locale innovante des fonds LEADER pour soutenir le bien-être des agriculteurs : « La région du Westhoek a connu de nombreux suicides dans le secteur agricole. La charge de travail des agriculteurs est de plus en plus complexe et, outre le travail physique, il faut aussi être un gestionnaire, veiller à ce que l'administratif soit en ordre et s'assurer que tout est payé. Il faut encore beaucoup réfléchir le soir. C'est au moins aussi stressant que le travail physique. Vous avez aussi beaucoup de choses en tête, beaucoup de choses qui vous préoccupent et qui vous empêchent de dormir. Les agriculteurs travaillent presque deux fois plus que les employés de bureau. Comme ils travaillent généralement là où ils vivent, la séparation entre la vie privée et le travail devient difficile. Il y a toujours du travail et les agriculteurs peuvent avoir l'impression de ne pas avoir le temps de se reposer », souligne-t-il.

« La pression financière est également élevée, car nos agriculteurs ont une dette moyenne de 145 238€ auprès des fournisseurs, un crédit de trésorerie moyen de 45 585€ et un crédit d'investissement moyen de 261 691€. Nous constatons également que les agriculteurs sont de moins en moins enclins à adhérer à des clubs ou à des associations rurales, et cette perte de contacts sociaux peut avoir un impact négatif si elle réduit le bonheur d'une personne. Par conséquent, les problèmes des agriculteurs dans divers domaines (financier, successoral, psychologique, etc.) ont souvent été remarqués tardivement, en partie parce que le secteur de la santé et le secteur agricole ne se connaissaient pas bien ».

Construire des ponts bienveillants

L'aide de LEADER a été mobilisée pour combler cette lacune en améliorant la compréhension par les services de santé des besoins particuliers des agriculteurs en la matière, tout en sensibilisant les agriculteurs à l'existence des services de santé mentale les plus proches.

Wouter souligne l'un des principaux résultats de ce travail de rapprochement : « Le projet a permis aux agriculteurs d'oser parler de leurs problèmes. LEADER a aidé à explorer les meilleurs moyens d'atteindre les agriculteurs et une nouvelle méthodologie a été testée en utilisant des visiteurs agricoles existants, tels que des vétérinaires, des facteurs, des fournisseurs, etc. pour agir en tant que travailleurs humanitaires volontaires. Ils ont été formés à la détection et à l'observation des signes de risques pour la santé mentale au sein des communautés agricoles avec lesquelles ils interagissaient ».

Le soutien du GAL a donné lieu à 75 sessions de renforcement des capacités entre les secteurs de l'agriculture et de la santé, telles que des événements de formation. Presque toutes les municipalités locales du territoire du GAL ont également mis en place des services d'aide spécialisés pour les agriculteurs et une série d'informations a été publiée dans les magazines agricoles. Les groupes prioritaires, y compris les travailleuses agricoles, ont bénéficié d'une approche personnalisée. Le projet a également produit un « Guide d'inspiration - travailler sur la santé mentale chez les agriculteurs et les horticulteurs ». Ce guide a contribué à inspirer les travaux en cours dans ce domaine.

L'Institut flamand de recherche sur l'Agriculture et la Pêche a mené d'autres recherches sur ce sujet après le projet LEADER. Les résultats de leur plan d'action sur le stress et le bien-être des agriculteurs constituent un autre héritage précieux du projet pour le territoire du GAL.

En réfléchissant à la réussite globale du projet, Wouter formule des conseils aux autres GAL intéressés par ce sujet : « Il ne s'agit pas seulement du nombre d'agriculteurs qui contactent l'assistance. Il est tout aussi important d'écouter les personnes qui travaillent dans les secteurs de l'agriculture et de la santé. Ils peuvent dire s'ils ont l'impression que les frontières entre les secteurs ont disparu ou non ».

Par exemple, l'organisation « Farmers at a Crossroads » avait peiné à attirer l'attention du public sur les questions de santé mentale, mais grâce à ce projet, il est soudain devenu possible de publier des articles sur le bien-être des agriculteurs et d'attirer l'attention des médias. Nous avons également constaté que lorsque le personnel des municipalités change d'emploi, cela peut affecter le soutien de la municipalité. Cela peut indiquer qu'il est préférable que la municipalité s'intéresse officiellement à la santé mentale des agriculteurs plutôt que de s'en remettre à l'intérêt spécifique d'un membre du personnel.

L'implication de LEADER dans le projet a également montré l'utilité des GAL en tant que canaux de développement local pour la mise en œuvre des politiques et des plans de l'UE en matière de santé mentale sur le terrain dans les zones rurales. Les approches ascendantes ancrées dans LEADER permettent aux milliers de GAL de l'UE d'être des multiplicateurs efficaces des stratégies de l'UE. Cela représente à la fois un avantage réel et une opportunité utile pour la volonté de LEADER de s'impliquer dans l'identification et le traitement des questions de santé mentale en milieu rural.

Suivez les réunions du groupe thématique du Réseau européen de la PAC pour en savoir plus sur les possibilités offertes par LEADER (et d'autres aspects des plans stratégiques de la PAC) pour promouvoir des projets visant à réduire les risques de traumatismes associés aux problèmes de santé mentale pour les agriculteurs et les communautés agricoles de l'UE.