News | 19 avr 2023

Forum pour l'avenir de l'agriculture 2023 : les temps forts

Lors de la dernière conférence annuelle du Forum pour l'avenir de l'agriculture, les représentants de la Commission européenne ont souligné l'engagement de l'UE en faveur de systèmes alimentaires durables.

Forum for the future of agriculture 2023 - highlights

Ce mardi 28 mars, la conférence annuelle 2023 du Forum pour l'avenir de l'agriculture s'est tenue à Bruxelles.

Lors de la session « Can we afford not to pay the price of change in today's geo-political and economic reality? », Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne, a déclaré que « nous avons besoin d'une transition vers la durabilité et nous en avons besoin rapidement », car le temps est « le seul luxe que nous n'ayons pas ».

Il a rappelé que la durabilité « ne consiste pas à sauver la planète » (qui peut très bien se passer de nous), mais à sauver l'humanité, puisque notre survie dépend de la santé et du bien-être des autres espèces. « Notre durabilité collective nécessite un changement de comportement » .

Evoquant la sécurité alimentaire, Timmermans a reconnu que « le changement climatique et la raréfaction des ressources auront évidemment un impact sur notre sécurité alimentaire ». Il est grand temps d'agir : « Qu'il s'agisse des transports, de l'énergie, de l'industrie ou de l'alimentation, tous les secteurs devront changer. Si nous le prévoyons, nous pourrons y faire face, mais si nous ne le faisons pas, les crises et les chocs extérieurs s'en chargeront pour nous ».

Il a ensuite énuméré quatre points d'action clés : réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production et de la consommation alimentaire, mettre un terme à la perte de biodiversité, veiller à ce que les consommateurs soient mieux informés et puissent faire de meilleurs choix en termes d'alimentation saine et réduire les déchets alimentaires.

Si faire tout cela demandera beaucoup de temps et d'argent, « cela générera aussi beaucoup de nouvelles opportunités économiques » qui pourront être soutenues par des financements publics et des investissements privés combinés.

Le Pacte vert est resté en tête de l'ordre du jour de la Commission européenne malgré les différentes crises de ces dernières années.

Timmermans a également souligné que « la science est claire : si nous voulons une sécurité alimentaire durable, nous devons nous attaquer à tous les problèmes du système alimentaire et nous devons commencer maintenant ». Il est essentiel de soutenir les agriculteurs, de réduire l'utilisation de pesticides chimiques, de restaurer les sols et de protéger les récoltes contre les sécheresses et les températures élevées, et de récompenser les bonnes pratiques. « Il peut y avoir un mode d'agriculture qui n'a pas besoin d'être de plus en plus intensifié », tout en apportant un soutien aux agriculteurs et à leurs familles. Il a vivement encouragé à examiner les faits et à ne pas se laisser effrayer par la rhétorique de la peur des pénuries alimentaires, en restant attaché à la pensée critique et rationnelle.

Enfin, Frans Timmermans a invité à repenser les modèles d'agriculture et à saisir les opportunités pour l'avenir, les techniques et les innovations qui permettent une meilleure utilisation des ressources, la réduction des pesticides et la restauration des sols ; en veillant finalement à ce que la production alimentaire constitue un soutien pour les agriculteurs et leurs familles.

Il a rappelé la responsabilité des hommes politiques mais aussi des systèmes agroalimentaires dans leur ensemble pour « franchir le pas » vers un avenir meilleur, plaidant pour « ne délaisser personne ».

Interrogée après une table ronde sur la transition énergétique, Catherine Geslain-Lanéelle, directrice de la stratégie et de l'analyse politique à la DG AGRI, a confirmé que la durabilité était un défi collectif et que nous devions trouver des solutions ensemble. Ainsi, « les discussions peuvent conduire au changement ».

Elle a déclaré que le rôle des décideurs politiques est de définir un ordre du jour clair, d'adopter des mesures incitatives pour les agriculteurs, de s'assurer que les investissements vont dans la bonne direction et de mettre en place une législation qui permette le changement. En fin de compte, les agriculteurs et les acteurs de la chaîne alimentaire « sont ceux qui feront le changement », les décideurs politiques doivent donc travailler avec eux. La législation doit fournir le meilleur environnement possible pour que le changement se produise et doit viser à soutenir les innovations venant du terrain, des agriculteurs (par exemple, l'agroécologie, l'agriculture régénérative). Un soutien particulier pourrait être nécessaire pour la durabilité des nouveaux modèles d'entreprise et des bonnes pratiques.

Ce que Catherine Geslain-Lanéelle a retenu de l'événement, comprend la prise de conscience et le sentiment d'urgence qu'elle a ressentis de la part des participants, mais aussi la demande adressée aux décideurs politiques de soutenir les innovations et les pratiques durables avec « le bon dosage politique ». Elle a également souligné que, malgré la grande diversité de l'agriculture, les défis globaux sont les mêmes : changement climatique, perte de biodiversité, renouvellement des générations. Tous les acteurs des chaînes agroalimentaires doivent ainsi « unir leurs forces, se partager les bonnes pratiques et coopérer ».