Intersection des logiques de dynamiques et d'investissements dans les entreprises agricoles bretonnes : analyses de trajectoires agricoles 2014-2021

Le rapport final, publié en 2023, met en lumière l'évaluation menée en région Bretagne sur douze mois entre 2022 et 2023, analysant les tendances agricoles sur la période 2014-2021.

L'évaluation vise à analyser l'évolution des trajectoires des exploitations agricoles sur une longue période (de 2014 à 2021) et à analyser dans quelle mesure la combinaison des MAEC, des mesures en faveur de l'agriculture biologique et des mesures d'investissement a un impact sur les trajectoires des exploitations agricoles en termes de mise en œuvre de pratiques plus vertueuses sur le plan environnemental. L'étude se concentre sur quatre filières bretonnes clés : les bovins laitiers, les porcs, les œufs et les légumes.

L'évaluation s'appuie sur 4 questions d'évaluation relatives à 3 critères d'évaluation : pertinence, efficacité et cohérence (voir ci-dessous). En termes de méthodologie, cette évaluation utilise des outils innovants. Tout d'abord, l'analyse des trajectoires agricoles s'appuie sur la « théorie des pratiques » utilisée en sociologie, qui vise à analyser les trajectoires individuelles d'introduction de nouvelles pratiques. Des méthodes quantitatives et qualitatives sont utilisées pour analyser les trajectoires des exploitations (en termes de mise en œuvre de pratiques plus vertueuses sur le plan environnemental) et l'impact de la combinaison des mesures de surface et d'investissement sur le développement des exploitations. En termes d'analyse quantitative, les données des financements du FEADER ont été collectées et analysées, en plus des données des recensements agricoles de 2010 et 2020. Sur cette base, des indicateurs ont été créés pour répondre aux questions de l'évaluation en analysant la tendance en termes de changements dans les trajectoires agricoles. En plus de ces données, une enquête en ligne a été distribuée aux bénéficiaires des mesures. En complément de l'analyse quantitative, une analyse qualitative a été menée pour examiner les liens de causalité et les facteurs produisant des résultats. Cette analyse qualitative s'est appuyée sur des entretiens qualitatifs (avec les référents des mesures de la Région et les structures professionnelles régionales) et des études de cas (couvrant 4 secteurs : lait, poules pondeuses, porcs et légumes).

L'évaluation vise à répondre à 4 questions d'évaluation relatives à la pertinence, l'efficacité et la cohérence :

1. Dans quelle mesure les mesures couvertes par cette évaluation sont-elles pertinentes par rapport aux enjeux identifiés en Bretagne et aux besoins des parties prenantes ?
2. Dans quelle mesure les mesures couvertes par l'évaluation ont-elles influencé les trajectoires des exploitations (changements de pratiques ou changements de systèmes de production) ? Quelles combinaisons de mesures ont eu le plus d'impact sur ces changements ?
3. Dans quelle mesure ces changements sont-ils durables ? Quels facteurs (facteurs externes, mise en œuvre, etc.) favorisent ou limitent ces changements de trajectoire et leur durabilité ?
4. Dans quelle mesure les différentes mesures couvertes par l'évaluation sont-elles cohérentes (en termes d'objectifs et de mise en œuvre) ?

En termes de limites, on note un manque de données sur certaines variables (données de suivi du FEADER), ce qui a pu limiter les analyses qui auraient pu être menées pour la revue de programmation. Concernant la conclusion tirée par l'étude, l'évaluation met en évidence l'impact de la combinaison des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et des mesures d'investissement (retombées qualitatives positives mais pas de validation quantitative, d'autant plus que les investissements ne sont pas nécessairement réalisés avec le soutien du FEADER), ainsi que les liens évidents entre la recherche de nouvelles pratiques agricoles et le niveau d'extensification (sur la base d'analyses qualitatives et quantitatives). Plus précisément, l'évaluation a révélé que les MAEC ont des impacts positifs plus importants sur l'extensification (augmentation des pâturages, diminution de la maïsiculture) des bénéficiaires dans le secteur laitier. L'évaluation a également montré que les MAEC peuvent constituer un « point de basculement » pour l'extensification au niveau des exploitations agricoles. En termes de cohérence et de pertinence des mesures, l'évaluation conclut que les interventions étaient pertinentes par rapport aux besoins des parties prenantes, dans une période de changements importants (suppression progressive des quotas laitiers, « fin de l'élevage en cage » dans le secteur des œufs, transitions environnementale et énergétique). Les interventions étaient cohérentes dans leurs objectifs, mais il y avait peu de liens dans leur mise en œuvre. Enfin, alors que les MAEC visaient l'extensification, certains investissements ont eu tendance à favoriser l'intensification (robots de traite).