News | 04 jan 2023

Une idée inspirante : agriculture circulaire intelligente à Malte

Trois coopératives maltaises se sont associées pour recycler les nutriments contenus dans les effluents d'élevage et les utiliser comme engrais dans le secteur des fruits et légumes. « Nous irons même au-delà pour parvenir à une économie circulaire totale, en exploitant pleinement les ressources contenues dans le lisier brut de porc et de vache ».

Smart circular

 

Cette idée inspirante est également disponible en version slovaque. La traduction a été réalisée avec l'aimable autorisation du réseau rural national slovaque. Lisez d'autres idées inspirantes du PEI-AGRI en slovaque sur le site du NRN.

La Société coopérative centrale d'agriculteurs (FCCS) s'est associée à la Coopérative des éleveurs de porcs (KIM) et à la Coopérative des producteurs de lait (KPH) pour travailler sur un nouveau projet visant à recycler les nutriments contenus dans les effluents d'élevage et à les utiliser comme engrais dans le secteur des fruits et légumes. « Nous irons même au-delà pour parvenir à une économie circulaire totale, en utilisant pleinement les ressources contenues dans le lisier brut de porc et de vache. En plus de l'engrais : de l'eau, de l'énergie et du carbone sous forme d'amendement du sol, de biochar ou de carburant », explique Christopher Ciantar, coordinateur du projet.

Selon le projet, 300 000 tonnes de lisier sont jetées à Malte chaque année. Il existe actuellement très peu de solutions pour les producteurs laitiers et porcins ; le lisier est donc gaspillé. En même temps, les producteurs de fruits et légumes paient cher les engrais. En outre, les sécheresses étant de plus en plus fréquentes dans ce pays méditerranéen, l'eau est de plus en plus convoitée. Le projet SYNECO travaille sur une solution circulaire qui pourrait relier tous ces éléments, mais pour y parvenir, les différentes parties doivent travailler conjointement.

Christopher, qui travaille pour la FCCS, explique : « À Malte, la collaboration entre les agriculteurs est très limitée, car il n'y a pas beaucoup d'occasions de le faire. C'est pourquoi, avec les autres coopératives, nous pensons que combler ce fossé et encourager davantage de connexions et de synergies entre les secteurs peut avoir de nombreux avantages, non seulement pour les agriculteurs eux-mêmes et leurs moyens de subsistance, mais aussi pour l'environnement ».

L'idée est la suivante : lorsque plusieurs exploitations agricoles sont proches les unes des autres, une petite installation de biogaz est mise en place sur le site. Outre la production d'énergie, la substance restante (le digestat) peut également être utilisée à bon escient. Une fois transformé, le digestat sera encore traité, dans l'exploitation agricole, au moyen d'une technologie mobile qui est en cours de développement dans le cadre du projet. Ce dispositif peut être déplacé d'une ferme à l'autre. Il est capable de récupérer 80 % du digestat sous forme d'eau propre qui peut être ajoutée aux réservoirs de l'exploitation, et le reste sous forme d'engrais solide et liquide qui peut être utilisé directement dans l'exploitation ou vendu à d'autres producteurs. Dans les petites exploitations individuelles, la technologie mobile, sans installation de biogaz, peut toujours être utilisée pour séparer le lisier en eau et en nutriments (sans l'élément énergétique).

Un pilote de l'usine mobile et de l'usine de biogaz est actuellement en cours de réalisation pour servir de modèle. Il sera opérationnel à la fin du mois de mars 2023, date à laquelle les partenaires commenceront à effectuer des analyses sur le terrain pour démontrer le concept. Christopher explique : « Nous avions déjà une installation à l'échelle du laboratoire en 2018, où nous récupérions l'eau et les nutriments, mais dans ce projet, nous sommes passés au niveau supérieur. Nous devons nous assurer que la technologie est efficace et qu'elle est capable de gérer des volumes plus importants de lisier. Nous devons également veiller à ce qu'elle soit rentable pour les agriculteurs, en cherchant une solution qui fasse de la bonne gestion des effluents d'élevage, de la fertilisation à base d'effluents d'élevage et de la récupération d'autres produits dérivés, une solution privilégiée pour les agriculteurs maltais ».

La deuxième partie du projet concerne l'épandage d'engrais. Les agriculteurs ont besoin de formation et de soutien. Le projet a donc développé une application appelée « Crop Manager app » qui est capable de produire un plan de fertilisation. Ces plans sont basés sur des analyses d'engrais et des sols, ainsi que sur les données fournies par l'agriculteur concernant ses intentions pour la prochaine saison et les cultures qu'il souhaite produire. L'application informera également l'agriculteur s'il existe une « option moins chère pour les engrais » sur le marché. En outre, tous les producteurs de fruits et légumes utilisant des engrais biologiques recevront un certificat qu'ils pourront utiliser dans la coopérative à des fins de commercialisation.

Christopher ajoute : « Dans le cadre du projet, nous travaillons également sur un modèle économique calibré afin de quantifier les coûts et bénéfices financiers, sociaux et environnementaux totaux sur un certain nombre d'années et de comparer ces impacts à la situation actuelle selon différents scénarios ».

Christopher travaille actuellement en étroite collaboration avec les membres de la FCCS pour tester la fertilisation organique dans la pratique. Grâce aux vitrines, aux démonstrations et aux journées portes ouvertes, le projet espère convaincre davantage d'agriculteurs au fur et à mesure que le projet produit des résultats et progresse.

SYNECO, qui est financé par l'Union européenne (Programme de développement rural pour Malte 2014-2020), aide les exploitations à transformer les effluents d'élevage, qui sont des déchets complexes et coûteux, en un nutriment précieux pour les plantes. Cela se matérialise par la réduction des besoins en matière de stockage et de transport, et donc par la diminution des émissions et l'élimination des odeurs et de la pollution sonore. Le fait que la technologie soit partiellement mobile permet également de contourner la nécessité d'un permis de construire. Le partenariat a pour vocation de travailler conformément à la législation car toute l'île de Malte est une zone vulnérable aux nitrates. Par conséquent, l'épandage d'éléments nutritifs provenant des effluents d'élevage devra être soigneusement contrôlé, planifié et surveillé, afin de respecter la directive sur les nitrates.

« SYNECO fait de l'agriculteur un protagoniste qui contribue à façonner le futur modèle économique agricole, en relevant le défi des questions climatiques et environnementales avec plus de force et de façon plus directe », conclut Christopher.

Contact

Christopher Ciantar chris.syneco@outlook.com

Photos:

SYNECO.

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